Voyage du chevalier Chardin en Perse

En 1671, soit à peine 30 ans avant Tournefort, un autre voyageur français se rend en Perse, en suivant pour une part un itinéraire semblable à celui de Tournefort.

Le texte du journal qu’il tient à cette occasion est consultable sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France.

Journal du voyage du chevalier Chardin en Perse et aux Indes orientales : par la mer Noire et par la Colchide… ([Reprod.]) / Chardin, Jean (1643-1713). Londres, 1686  http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34583644f

« Le 1er mars, je fis huit lieues en une belle plaine (…). J’arrivais à trois heures à un village de 150 maisons, nommé Cuprikent, le village du pont, parce qu’il y en a un fort beau tout proche de là, construit sur un fleuve qu’on nomme Tabadi ».

« Il y a deux lieux du bourg de Dilijan qui est tout au pied, jusqu’au haut [de cette affreuse montagne dont l’on a parlé], un autre de pleine au sommet, et deux de descente. Je pensais mourir de la fatigue de cette journée (…). Toute la montagne était épouvantablement chargée de neige (…) on n’y apercevait pas un arbre ni une plante (…) Dès qu’on mettait le pied hors d’un sentier, on enfonçait jusqu’à demi-corps dans la neige. On ne peut passer cette montagne lorsqu’il en tombe, ou quand il vente, parce qu’alors la piste est perdue, et qu’il est impossible de trouver le chemin (…). Nous logeâmes à Karakechichs. C’est un gros bourg situé au bas de la montagne que nous venions de passer, et sur le bord du fleuve Zengui ».

« Nous fîmes quatre lieues et arrivâmes à Bichni qui est un bourg assez considérable, situé au bas d’une montagne sur le fleuve Zengui. Nous logeâmes en un beau monastère d’Arméniens bâti entre le bourg et la montagne. Ce monastère est une ancienne fondation de 7 à 800 ans. L’église qui est encore entière et bien entretenue est toute de pierre et extrêmement massive (…) On voit proches de ce monastères des ruines de tours, de châteaux, de remparts en si grande quantité, que cela donne beaucoup d’apparence à ce que les gens du lieu content que Bichni a été une des fortes places d’Arménie ».