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La grotte d'Antiparos

Grotte d'Antiparos / Joseph Pitton de Tournefort. Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.

Grotte d'Antiparos, octobre 2022. Une caverne rustique se présente d’abord, voûtée en arc surbaissé et fermée par une cour qui est l’ouvrage des bergers. Ce lieu est partagé en deux par quelques piliers naturels...

Grotte d'Antiparos, inscriptions, octobre 2022. On lit une inscription fort ancienne et fort maltraitée...

Grotte d'Antiparos / Joseph Pitton de Tournefort. Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.

Grotte d'Antiparos, octobre 2022. Cette pyramide est peut-être la plus belle plante de marbre qui soit dans le monde...

Grotte d'Antiparos, octobre 2022... les ornements dont elle est chargée sont tous en choux-fleurs, c’est à dire terminés par de gros bouquets, mieux finis que si un sculpteur venait de les quitter.

" Cette île, quelque méprisable qu’elle paraisse, renferme une des plus belles choses qu’il y ait peut-être dans la nature, et qui prouve une des grandes vérités qu’il y ait dans la physique, savoir la végétation des pierres (…). Une caverne rustique se présente d’abord, large d’environ 30 pas, voûtée en arc surbaissé et fermée par une cour qui est l’ouvrage des bergers : ce lieu est partagé en deux par quelques piliers naturels, sur le plus gros desquels, qui paraît comme une tour attachée au sommet de la caverne, on lit une inscription fort ancienne et fort maltraitée (…).

 

On avance ensuite jusques au fond de la caverne par une pente plus rude, d’environ 20 pas de longueur, c’est le passage pour aller à la grotte, et ce passage n’est qu’un trou fort obscur, par lequel on ne saurait entrer qu’en se baissant et au secours des flambeaux. On descend d’abord dans un précipice horrible à l’aide d’un câble que l’on prend la précaution d’attacher tout à l’entrée. Du fond de ce précipice on se coule, pour ainsi dire, dans un autre bien plus effroyable, dont les bords sont fort glissants et qui répondent sur la gauche à des abîmes profonds ; on place sur les bords de ces gouffres une échelle, au moyen de laquelle on franchit en tremblant un rocher tout à fait taillé à plomb. On continue à glisser par des endroits un peu moins dangereux, mais dans le temps qu’on se croit en pays praticable, le pas le plus affreux vous arrête tout court, et l’on s’y casserait la tête si l’on n’était averti et retenu par les guides (…).

 

Quand on est arrivé au bas de l’échelle, on se roule encore quelque temps sur des rochers, tantôt sur le dos, tantôt sur le ventre, suivant qu’on s’en accommode le mieux ; car chacun cherche la marche la plus favorable pour suivre la compagnie. Après tant de fatigue, on entre enfin dans cette admirable grotte que Mr de Nointel ne pouvait se lasser d'admirer avec raison (...). A droite et à gauche, ce sont des rideaux & des nappes qui s'étendent en tous sens & forment sur les côtés des espèces de tours cannelées, vuides la plupart, comme autant de cabinets pratiqués autour de la grotte (...). Toutes ces figures sont de marbre blanc, transparent, cristallisé (...).

 

Au fond de la grotte sur la gauche se présente une pyramide bien plus surprenante, qu’on appelle l’autel A depuis que Mr de Nointel y fit célébrer la messe en 1673. Cette pièce est tout isolée, haute de 24 pieds, semblable en quelque manière à une tiare, relevée de plusieurs chapiteaux, cannelés dans leur longueur et soutenus sur leurs pieds, d’une blancheur éblouissante, de même que tout le reste de la grotte. Cette pyramide est peut-être la plus belle plante de marbre qui soit dans le monde ; les ornements dont elle est chargée sont tous en choux-fleurs, c’est à dire terminés par de gros bouquets, mieux finis que si un sculpteur venait de les quitter. Il n’est pas possible encore un coup que cela soit fait par la chute des gouttes d’eau, comme le prétendent ceux qui expliquent la formation des congélations dans les grottes. Il y beaucoup plus d’apparence que les autres congélations dont nous parlons, et qui pendent du haut en bas, ou qui poussent en différents sens, ont été produites par le même principe, c’est à dire par la végétation." TOURNEFORT 1717