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Du 23 mai au 3 juin 1701, Trabzon

Trébizonde / Joseph Pitton de Tournefort. Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.

La ville de Trébizonde est bâtie sur le bord de la mer au pied d'une colline assez escarpée. Trabzon (au fond), depuis Akcaabat, juin 2025.

On y voit plus de bois et de jardins que de maisons et ces maisons, quoique bien bâties, n'ont qu'un simple étage... Trabzon aujourd'hui (juin 2025). Photo Frédéric Tintilier.

Nous allâmes nous promener à Sainte Sophie, ancienne église grecque, à deux milles de la ville près du bord de la mer. Hagia Sophia, Trabzon, juin 2025.

On a converti une partie de ce bâtiment en mosquée, le reste est ruiné. Nous n'y trouvâmes que quatre colonnes d'un marbre cendré. Hagia Sophia, Trabzon, juin 2025.

À Hagia Sophia de Trabzon, le souvenir du passage de Tournefort est conservé dans les dépliants touristiques. Juin 2025.

La partie du journal d'herborisation manuscrit qui concerne la partie orientale du voyage de Tournefort est malheureusement peu lisible. Nous nous reportons donc au texte publié en 1717 sous le titre Relation d'un voyage du Levant fait par ordre du Roy (TOURNEFORT 1717).

 

"La ville de Trébizonde est bâtie sur le bord de la mer au pied d'une colline assez escarpée (...). La ville est grande et mal peuplée. On y voit plus de bois et de jardins que de maisons et ces maisons, quoique bien bâties, n'ont qu'un simple étage (...).

 

Nous herborisâmes le 24 et le 25 mai autour de la ville. On y voit de très belles plantes. Le 26, nous allâmes nous promener à Sainte Sophie, ancienne église grecque, à deux milles de la ville près du bord de la mer. On a converti une partie de ce bâtiment en mosquée, le reste est ruiné. Nous n'y trouvâmes que quatre colonnes d'un marbre cendré (...).

 

Quoique la campagne de Trébizonde soit fertile en belles plantes, elle n’est pourtant pas comparable, pour ces sortes de recherches, à ces belles montagnes où est bâti le grand Couvent de Saint Jean [Sumela], à 25 milles de la ville du côté du Sud-Est. Il n’y a pas de plus belles forêts dans les Alpes. Les montagnes qui sont autour de ce couvent produisent des hêtres, des chênes, des charmes, des guaïacs, des frênes et des sapins d’une hauteur prodigieuse. Les maison des religieuses n’est bâtie que de bois, tout contre une roche fort escarpée, au fond de la plus belle solitude du monde. La vue de ce couvent n’est bornée que par des paysages merveilleux, et j’aurais souhaité d’y pouvoir passer le reste de ma vie (…) Tous les environs de ce couvent sont une parfaite image de la pure nature ; une infinité de sources y forment un beau ruisseau plein d’excellentes truites et qui coule entre des tapis verts et des bosquets propres à inspirer de grands sentiments ; mais il n’y a aucun de ces moines qui en soit touché, quoiqu’ils y soient au nombre d’environ quarante. (...)

 

Après avoir visité les environs du couvent, où il y a des plantes qui amusent le plus agréablement du monde, nous montâmes jusques aux lieux les plus élevés, que la neige n’avait abandonnés que depuis quelques jours et d’où nous en découvrions d’autres qui en étaient encore chargés. Les gens du pays appellent πολίκος les sapins ordinaires, qui  ne diffèrent en rien de ceux qui naissent sur les Alpes et sur les Pyrénées ; mais ils ont conservé le nom d'Eλάτη pour une autre belle espèce de sapin que je n'avais vu encore qu'autour de ce monastère.

 

Il nous fallut quitter ce beau pays pour revenir à Trébizonde chercher notre bagage. On nous avertit fort à propos que le Pacha venait de partir, et ce n'était pas une fausse alarme, car nous le rencontrâmes en chemin. Dieu sait si nous fîmes grande diligence : que serions-nous devenus si vous avions perdu une si belle occasion ! Il fallut donc travailler toute la nuit à faire nos ballots, à chercher du biscuit et du riz, qui sont les choses les plus nécessaires pour une marche, car on trouve de l'eau partout. Heureusement le Pacha ne campa ce jour-là, qui était le 2 juin, qu'à environ quatre heures de la ville. Le lendemain nous ne rejoignîmes avec beaucoup de peine et nous le trouvâmes à quatorze milles de son premier camp." TOURNEFORT 1717.

 

Espèces observées dans les environs de Trabzon :

 

Chamaerhododendros Pontica maxima, folio Laurocerasi, flore Caeruleo purpurascente Coroll. I. R. Herb. 42

Chamaerhododendros Pontica, maxima, Mespili folio, flore luteo Coroll. I. R. Herb. 42

Les maison des religieuses n’est bâtie que de bois, tout contre une roche fort escarpée, au fond de la plus belle solitude du monde. Sumela, juillet 2025.

Il n’y a pas de plus belles forêts dans les Alpes. Les montagnes qui sont autour de ce couvent produisent des hêtres, des chênes, des charmes, des guaïacs, des frênes et des sapins d’une hauteur prodigieuse. Sumela, juillet 2025.

Tous les environs de ce couvent sont une parfaite image de la pure nature ; une infinité de sources y forment un beau ruisseau plein d’excellentes truites et qui coule entre des tapis verts et des bosquets propres à inspirer de grands sentiments. Sumela, juillet 2025.

Monastère de Sumela, juillet 2025.

Monastère de Sumela, juillet 2025.

Monastère de Sumela, juillet 2025.