14 et 15 juillet 1701, de Kars à la frontière arménienne

(précédemment).

[Nous partîmes le 14 juillet]. On campa sur les neuf heures du matin auprès de Barguet, gros village, dont le château à moitié démoli paraît avoir été bien bâti dans son temps On ne découvrit presque que des plantes ordinaires, et surtout beaucoup de Gallium jaune et du Gramen sparteum, pennatum [Stipa sp.] . On descendit que le midi dans une assez belle vallée à demi lieue de Barguet. Parmi quelques plantes rares nous y observâmes une espèce de Bétoine [Betonica orientalis L.] assez singulière, dont la graine a levé et multiplié dans le Jardin du Roi. Elle se distingue principalement par la longueur de ses feuilles longues de demi pied sur un pouce de largeur, que la culture n'a point changées. Il y a longtemps que cette plante est connue en France, puisque Mr le Premier Médecin en a trouvé la figure parmi les planches que Mr de la Brosse, son grand oncle et Intendant du Jardin, avait fait graver. 

Le 15 juillet, nous partîmes à quatre heures du matin, et passâmes par des plaines assez bien cultivées, entrecoupées de quelques collines agréables, où les blés étaient bien plus avancés que du côté d'Erzeron (...). Sur les sept heures du matin, nous passâmes à gué une petite rivière considérable qui va se décharger, à ce qu'on nous dit, dans l'Arpagi [La rivière est probablement Kars Çayı, qui est un affluent de l'Arpaçay en turc ou Akhourian en Arménien (=Arpagi)]. La grande caravane nous quitta à une lieue de là pour aller à Gangel [ce nom n'est pas connu] (...).

Nous découvrîmes ce jour-là, à mon gré, la plus belle plante que le Levant produise. C’est une espèce d’Elephant à grande fleur, dont la trompe est courbée en bas [Rhynchocorys orientalis].

Le 16 juillet nous partîmes à quatre heure du matin". TOURNEFORT 1717.