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Du 6 au 12 juillet 1701, d'Erzurum à Kars

Erzurum-Kars

On ne voit aucun arbre dans tout ce quartier lequel d’ailleurs est plat, bien cultivé, et arrosé avec autant de soin que la campagne d’Erzeron. Paysage entre Erzurum et Kars, juillet 2025. Photo Frédéric Tintilier.

Des montagnes peu élevées, sur lesquelles ont voit des pins de la même espèce que ceux de notre montagne de Tarare. Forêt de pins sylvestres à Sarıkamış, juillet 2025. Photo Frédéric Tintilier.

Il n’y a rien de plus ennuyeux que de marcher dans ces grandes plaines où l’on ne voit que la terre et le ciel. Paysage entre Erzurum et Kars, juillet 2025. Photo Frédéric Tintilier.

Nous descendîmes le lendemain des montagnes sur les dix heures pour entrer dans une assez belle plaine où nous campâmes à Chatac. Environs de Catac, 2025. Photo Michel-Ange Bouchet.

Les pins, de l'aveu des gens du pays, commencent à devenir fort clairsemés. Sarıkamış, juillet 2025. Photo Frédéric Tintilier.

(précédemment).

" Nous partîmes d’Erzeron le 6 juillet pour Teflis, et nous nous rendîmes à Elzelmic, village au Nord-Est à trois heures de la ville (…) La campagne d’Erzeron jusques à moitié chemin d’Elzelmic est fort sèche, ses collines sont pelées. On entre ensuite dans une plaine fermée à droite et à gauche par des éminences où il y avait encore assez de neiges. Il en tomba beaucoup aux environs d’Erzeron la nuit du second au troisième juillet.

Le 7 juillet (…) nous campâmes auprès d’un village appelé Badijoüan, après en avoir laissé un autre en arrière, dont j’ai oublié le nom. On ne voit aucun arbre dans tout ce quartier lequel d’ailleurs est plat, bien cultivé, et arrosé avec autant de soin que la campagne d’Erzeron. 

[Notre caravane] partit le 8 juillet sur les neuf heures du matin & marcha jusques à midi à travers de grandes campagnes peu cultivées, mais excellentes à ce qu'on nous dit. Nous y observâmes de fort belles plantes, comme nous avions fait le jour précédent, mais voilà tout, car on n'y voit ni villes ni villages, pas même la moindre broussaille (...). Nous ne rencontrâmes pas une âme pendant toute la journée.

La route du 9 juillet fut bien plus agréable. Quoi qu’on nous ait fait partir à trois heures du matin, nous nous retirâmes sur les dix heures, après avoir passé par des montagnes peu élevées, sur lesquelles ont voit des pins de la même espèce que ceux de notre montagne de Tarare [Pinus sylvestris L.]. Ce changement de décoration ne laisse pas de réjouir en voyageant : il n’y a rien de plus ennuyeux que de marcher dans ces grandes plaines où l’on ne voit que la terre et le ciel (…). On campa ce jour-là à Coroloucalesi, village que l’on peut appeler en français la Tour de Coroulou. Notre moisson fut assez belle (...) vous me permettrez de vous envoyer la description d'une plante qui fait aujourd'hui encore les délices de Mr le Premier Médecin [Prangos ferulacea (L.) Lindl]. Elle a fort bien levé, bien fleuri et bien grainé dans le jardin du roi. Il y a même apparence qu'elle y durera longtemps. 

Le 10 juillet, nous marchâmes jusqu'après midi par des montagnes agréables et bien fournies de pins (…). Nous descendîmes le lendemain des montagnes sur les dix heures pour entrer dans une assez belle plaine où nous campâmes à Chatac [Catac], méchant village sur un ruisseau qui tombe de collines où l’herbe ne faisait que de naître (…). Les chemins y sont bordés de cette belle espèce d’Echium à fleur rouge [Pontechium maculatum (L.) Böhle & Hilger], que Clusius, le plus grand observateur de plantes de son temps, avait découverte en Hongrie.

Le 12 juillet, on partit sur les quatre heures du matin, et nous marchâmes jusques à midi dans une des plus belles plaines qu’on puisse voir (…). Les pins, de l'aveu des gens du pays, commencent à devenir fort clairsemés et l'on en découvre peu qui lèvent de graine. Je ne sais comment ils feront quand on aura coupé tous les grands arbres,car ils ne sauraient bâtir sans ce secours (). Nous ne trouvâmes aucune plante nouvelle ce jour-là et nous fûmes un peu alarmés de voir parmi quelques plantes rares que nous avions observées plus d'une fois, des mauves ordinaires, du plantain, de la pariétaire, et surtout du bouillon blanc, du vélar et de cette plante que l'on vend à Paris pour le cours de ventre sous le nom de Thalictron. Nous croyions être revenus en Europe, cependant nous arrivâmes insensiblement à Cars après une marche de 7 heures. " TOURNEFORT 1717.