Du 6 au 18 février 1702, Samos

" Nous nous retirâmes ce jour-là à Carlovassi, et nous nous embarquâmes pour Nicaria le lendemain 6 février, mais le sud-ouest nous fit relâcher au port Seitan, qui n’est qu’à neuf milles de Carlovassi [Mikro ou Megalo Seitani] : on a eu raison de donner à ce port le nom de Seitan, qui en langue turque signifie le diable. Il fallut tirer notre caïque à terre, et pendant la nuit il s’en perdit un autre qui était chargé de vin pour les Simies. Le vent du nord nous retint à Seitan jusques au 12 février ; nous y étions logés dans une caverne où nous ne brûlions jour et nuit que des lauriers, des andrachne [impossible de savoir si Tournefort désigne ici Arbutus andrachne, qu'il désigne parfois comme Andrachne Theophrasti, ou Arbutus unedo, qu'il nomme Andrachne Samia... Les deux espèces sont présentes sur la côte nord de Samos], des storax, et nous n’y passions pas le temps fort agréablement. Notre sac de biscuits diminuait beaucoup, et le temps ne permettait pas qu’on pût ni chasser ni pêcher ; à peine pouvait-on attraper quelques oursins et quelques yeux de bouc : et ce qu’il y avait de pis, nous avions bu toute l’eau que pouvaient fournir les roches voisines, où nous l’amassions avec des feuilles de Squille pliées en gouttière, pour la vider ensuite dans des bouteilles de cuir faites en pyramide, qui sont en usage dans le pays ; nous vidâmes un ancien puits creusé sur le bord de la mer, mais l’eau s’en trouva à demi salée. Enfin le temps se trouva assez beau la nuit du 12 au 13, et nous en profitâmes pour aller à Patino, qui est la fameuse île de Patmos, d’où nous revînmes à Carlovassi le 18 février. Nous débarquâmes le même jour à un mille en deça de Carlovassi, pour voir une chapelle grecque qu’on appelle Notre-Dame de la rivière [chapelle Metamorfosis Sotiros, à Potamou]. Cette chapelle est au pied d’une montagne, mais elle est comme abandonnée. " TOURNEFORT 1717

Malgré la pluie continuelle du 19 et 20 février, nous ne laissâmes pas d’aller de Carlovassi à Vourlotes.